Il y a une dizaine d’années, et je m’en souviens encore tellement mon intuition et mon ressenti allait dans le sens que ce n’était pas normal.
En CLSC, ici à Montréal, un médecin généraliste homme qui me suivait sporadiquement depuis l’adolescence sans être mon médecin de famille.
Un jour je viens le visiter pour un problème de gorge, je ne l’avais pas vu depuis quelques années, j’étais rendue vers la fin vingtaine. Avant de partir il décide tout bonnement qu’il doit aussi me faire une palpation des seins ?! C’était tellement soudain, je n’ai pas eu le temps de réagir. Sa palpation des seins ressemblait à du pelotage rapide comme un enfant qui veut goûter à tout dans un buffet. Je suis sortie de là en me disant mais qu’est-ce que c’était que ça ?! Ensuite j’étais dégoûtée et en colère.
Je ne suis bien sûr jamais retournée voir ce médecin dont on doit taire le nom.
Il m’est arrivé une expérience similaire un peu plus récemment, début trentaine, dans un hôpital de Montréal. Cette fois je venais pour faire vérifier une irritation à l’aine gauche.
L’infirmière qui me voit d’abord me demande si j’ai une blessure ou quelque chose d’autre dans la zone génitale ou anale ou si c’est seulement localisé à l’aine. Je lui répond que non, c’est localisé seulement à l’aine. Elle met un tissu sur mon sexe qui n’est pas concerné, et me nettoie l’aine.
Le médecin arrive par la suite, seul. Il enlève illico le drap qui couvre mon sexe et sans demander, sans justifier son intervention ni poser de questions, il passe son doigt rapidement partout sur mes lèvres, entre mes lèvres, d’une façon qui me laisse très mal à l’aise. Je n’avais encore jamais été touchée ainsi à la vulve par aucun médecin homme ou femme. Encore là avec une rapidité et une intention non attentive qui m’a fait me sentir extrêmement mal à l’aise, abusée.
J’ai déjà reçu des examens gynécologiques d’hommes médecins respectueux qui faisaient une intervention justifiée, et de femmes médecins aussi d’ailleurs, mais cette fois encore c’était une énergie tout autre, une intervention non nécessaire. Évidemment il est délicat ensuite de dire qu’on croit avoir vécu une agression par un médecin, comme il y aura toujours des arguments officieux justifiant des raisons de vouloir vérifier toute les zones annexes. Mais on sent ses choses là, que quelque chose ne va pas, quand ce n’est ni justifié ni correct.
J’ai aussi vécue des violences gynécologiques de médecins hommes et femmes n’étant pas à l’écoute de douleurs au moment de la pose d’un spéculum, par exemple, insistant pour l’installer malgré la douleur et me culpabilisant.
Aussi lors d’examens plus poussés qui aurait nécessités une anesthésie locale que je n’ai pas eu, le même scénario de rapport de force. Bref les médecins croient trop souvent et trop facilement avoir tous les droits sur nos corps, et le connaitre mieux que nous. Ils n’ont malheureusement bien souvent aucune empathie pour les femmes ayant des douleurs chroniques ou des spécificités qui leurs sont propres. À ce titre, les sage-femmes et les ostéopathes sont bien mieux outillés et beaucoup plus sensibilisés aux réalités physiques des femmes.
J’aimerais terminer en racontant l’expérience d’une de mes proches parentes qui se souvient lors de son accouchement qu’un jeune médecin interne qu’elle ne connaissait pas est entré dans sa chambre, sans dire bonjour, sans se présenter, rien, il lui a directement inséré deux doigts au vagin pour vérifier l’ouverture du col. Une fois cela fait, il est reparti, sans dire au revoir. Elle a vraiment trouvé ça pénible. Aucun respect pour le corps de la femme qui accouche. Pour son intimité. Et ce genre d’interventions arrive plus souvent qu’on ne le pense.
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