Je suis maman 3 fois . J’ai vécu 3 césariennes dites urgentes , mais bon cela est discutable.
À mon deuxième accouchement j’ai été refermée en 1 plan lorsqu’ils ont refermé le tout. (Puis l’utérus est suturé, selon les chirurgiens, sur 1 plan ou sur 2 plans, une couture ou deux coutures). Ne faire qu’un seul plan est plus rapide et réduit les douleurs post-opératoires, mais il semblerait que la suture en 2 plans soit plus prudente sur le long terme : dans le cas d’une suture en un plan, on trouve de quatre à huit fois plus de ruptures utérines lors de la grossesse suivante, on retrouve plus souvent des défauts de cicatrisation, et même si ne retrouve pas cette augmentation du taux de rupture, on y note tout de même un taux plus important de déhiscences.
Est ce que j’ai été consultée pour cette décision sur mon corps ? JAMAIS ! On m’a seulement dit que je ne pourrai plus jamais avoir d’enfant par voie vaginale. Puis 2,5 ans plus tard je suis tombée enceinte de mon dernier bébé. J’ai été très renseignée sur les possibilité d’un accouchement vaginal après une césarienne. Afin de faire un choix éclairés et logique. Je sais que c’est possible, j’ai fondé un groupe AV-AC sur Facebook ou plusieurs témoignages me prouvent que c’est possible . À ce moment je ne sais pas que je suis refermée en 1 plan.
Après ma première rencontre avec ma sage femme, elle me dit que je suis en 1 plan et que ça sera difficile d’avoir un médecin qui voudra m’accompagner Dans un AVAC. Après plusieurs semaines je trouve un médecin qui me dit oui ! Quel soulagement de pouvoir décider de ce que je veux faire de mon corps .
C’est à 35 semaines que j’ai perdu les eaux . Mon bébé allait naître prématurément . Je me suis fais a l’idee d’une autre césarienne.
L’équipe est merveilleuse et à l’écoute.
Étonnamment, cette fois, je suis calme … je pleure... mais je suis calme … je sais déjà comment ça va se passer et qu’ils devront partir avec bébé dès qu’il naîtra, car il est prématuré.
Enfin ! Nous allons découvrir le sexe … je désire que mon conjoint me l’annonce et le personnel respecte ma demande.
9:06 un garçon de 6,1 lbs naît… je l’entends, il pleure … je ne vois pas vraiment ce qui se passe. Tout le monde répète que c’est un magnifique bébé.
Papa et bébé doivent me quitter. Je me dis que je les retrouverai quand je sortirai de la salle de réveil.
Je monte … j’ai si hâte de le voir et de savoir que tout va bien !!!
Sonde urinaire … la cicatrice… anesthésie… confinée au lit je ne peux pas voir bébé de moi même.
Je dois attendre que l’on m’amène aux soins pouponnière pour le voir quand je serai capable de me lever …
Mon conjoint qui fait des aller-retour entre bébé et moi.
J’ai si hâte!
Oh! le moment est enfin venu, je peux aller le voir…
On m’apprend que je dois patienter, car personne ne peut entrer dans la salle.
Bon d’accord !
Finalement, la pédiatre entre et m’annonce que mon bébé doit être transféré au [Centre Hospitalier X] aux soins intensifs néonatales.
Problèmes respiratoires, oxygène et soluté.
Il partira en ambulance dans son isolette accompagné des infirmières et de l’inhalothérapeute.
Seul, sans papa et surtout pas moi.
J’entends ce que le pédiatre me dis, mais ne comprends pas trop.
Ca tourne. C’est un cauchemar. Je répète que c’est un cauchemar que ca ne se peut pas. Je pleure sans pouvoir m’arrêter. Le bébé qu’on m’a extirpé du ventre, que je n’ai pas encore vu doit être séparé de moi.
La pédiatre qui juge ma peine par un manque de gestion de mes émotions et qui ose me demander si j’ai déjà souffert de dépression et d’anxiété dans le passé … Elle n’a absolument rien compris à ma peine … à ma déchirure… on m’arrache mon bébé. Le petit être que j’ai porté pendant 8 mois. Ce pédiatre qui parle à mon conjoint et a l’infirmière qui lui dit que j’ai clairement un problème, que madame ne comprends absolument rien. Mais quel manque de délicatesse et d’empathie. Elle n’avait clairement pas réalisé que je venais de vivre une tempête en quelques heures . Elle ne réalisait pas que j’allais être séparée de mon bébé et me retrouver seule . Être seule le ventre vide après une césarienne…
On me demande si je veux le voir avant qu’il parte. Rapidement je répond NON . Je me répète dans ma tête: Ben voyons Mary, c’est ton bébé, arrête d’être égoïste. Ayoye Mais au fond de moi, je suis en colère. En colère contre moi, contre lui, contre la vie finalement.
Je me rends à la pouponnière avant son départ … je suis en chaise roulotte …le bas du ventre qui me rappel mon manque de mobilité et de liberté… je vois des pieds. Les tout petits pieds de mon bébé dans son isolette avec les fils branchés de partout … Ça tourne … Encore en larmes, je ne comprends pas grand chose à ce qui vient de nous arriver. Tout va beaucoup trop vite. Je demande à retourner à ma chambre. Je regrette tout … Je me répète qu’on aurait pas dû. Et je me retrouve seule dans l’heure qui suis. Papa suit bébé au [Centre Hospitalier X]. Il ne reste que le vide et mes larmes qui coulent. Je suis épuisée et complètement vide.
Une infirmière vient régulièrement me faire des massage utérin sans jamais être attentive à mes larmes et ma douleur . Elle demande à se que je me lave , me donne deux débarbouillettes et un bol d’eau chaude en stainless et sors . Seule en larme avec la douleur incapable de me laver de ma chirurgie….
Je passe 55:00 séparé de mon bébé… Une amie vient me rejoindre. Elle m’accompagne et m’aide à me laver et me mobiliser … Je me retrouve seule pour la nuit, le cœur gros … Les larmes qui coulent sans s’arrêter. J’en veux à la terre entière et j’en veux à moi-même. Mais qu’est-ce que j’ai fait qui a causé cet accouchement prématuré? Pourquoi ? Qu’est-ce que j’aurais du faire autrement ? La culpabilité m’envahie. Je n’arrive pas à m’endormir la nuit. Je colle le toutou qui devait aller au bébé contre mon cou, je mets de la musique et m’endors aux petites heures du matin en larmes L’heure de mon congé sonne. Je pars de [ville en région] et me rends au [Centre Hospitalier X]. Je dois rejoindre mon conjoint et CE bébé qui ne sait pas qui je suis et qui ne me reconnaîtra pas … Je suis effrayée face à cette rencontre. Je ne veux pas le toucher ni le prendre … Je ne le mérite pas. J’ai tellement de peine … Je le vois pour la première fois, branché à ces machines qui l’aide à respirer. 55:00 séparé qui m’ont paru une éternité. Mon conjoint et l’infirmière me rassurent. Il reconnaîtra mon odeur, mon battement de cœur et ma voix.
Je sors de mon fauteuil roulant.
Ignore ma douleur du bas de ventre. On dépose mon bébé sur moi. On vient de m’enlever 1000 lbs de sur les épaules.
Je l’observe , je pleure , j’y crois pas. Tout a été si vite depuis sa naissance. Je le regarde sans réaliser que je suis maman d’un troisième enfant. J’ai tellement de culpabilité en le regardant, si petit, branché de partout.
Je suis assise, le bébé collé contre moi dans mon silence, mais dans le bruit de l’unité de néonatalogie… Le personnel qui vient et va … Les bébés qui partent et qui arrivent … D’autres pères sans conjointe ou d’autres mères sans conjoint. Seule dans mon silence, je réalise que nous sommes loin d’être seuls dans cette réalité. J’essaie de me concentrer à l’observer. J’essaie de m’imaginer à quoi ressemble son petit visage derrière tous ces tuyaux. Ce petit bébé n’a pas de nom. Pris par surprise, papa et moi ne savons pas à quoi il ressemble. Ne savons pas quel nom il portera. Ne savons pas à quoi ressemblera notre vie dans les prochaines heures et journées.
Je sais seulement que je dois rentrer chez moi le soir, sans mon bébé, sans mes plus vieux.
On est là, à partir tard de l’unité… à rentrer chez nous dans le vide d’une maison sans enfant. Le coeur brisé. Quand on s’imagine comment sera la naissance, on est loin de penser que la première fois qu’on rentrera à la maison se sera sans bébé. Et puis, dès la première heure, on se relève. Pas de temps pour se remettre de la césarienne ! On fera cela plus tard!
Tout ce qui compte c’est d’être près de mon bébé et de savoir qu’il n’a fait aucun événement pendant la nuit. Que sa respiration est stable, que tout va pour le mieux. Le troisième soir, je regarde mon conjoint et je lui dis qu’il s’appellera Gabriel! 4e journée, nous sommes transférés à l’unité néonatale de [ville en région] aux soins intermédiaires. C’est une bonne nouvelle. Ça va de mieux en mieux. Nous serons plus proche de la maison pour la route.
Heureusement que papa et moi formons une équipe d’enfer et que le stress est géré. Au transfert, il faut aussi prendre le temps de voir les 2 plus vieux. Alors on quitte, on s’en va au resto, le cœur en miettes. Le stress de les voir et de savoir qu’ils ne veulent pas repartir. La douleur au ventre. On est là, à faire des plans. Des plans au cas où ça durerait pendant des semaines. La vie continue même si bébé est né pressé. On doit continuer de s’occuper du reste. Alors la rencontre se déroule bien. Les enfants cherchent le bébé, mais ça va. Mon cœur est soulagé. On doit repartir pour rejoindre le petit dernier. Pour voir comment a été le transfert.
Quelle culpabilité, quelle déchirure. On a des choix à faire… Soit on laisse bébé seul à l’hôpital, soit on laisse les plus vieux. Oh boy! Mon cœur se serre.
On arrive à [ville en région], mon bébé est dans une isolette fermée. En isolation des autres. On doit porter jaquette, gants et masque. Il est tard, je suis épuisée. J’ai envie d’exploser. Je pleure encore. Non mais ça va tu finir que je me dis.
L’oxygène et la pression d’air sont terminés. Ouff enfin! On termine le dernier soluté et bébé sera complément gavé.
J’espère pouvoir le mettre au sein. Je veux le mettre au sein. Je tire mon lait depuis la naissance aux 2-3 h sans arrêt. Quel défi, mais c’est important pour moi. Les médecins ont peur que bébé s’épuise au sein. On continue de le gaver et de donner le lait au biberon. Puis, rapidement, je peux mettre Gabriel au sein de façon graduelle. Il fait ça comme un champion. Je suis rassurée.
7 jours… On voit le médecin pour discuter de son état. Du moniteur, du gavage, de l’isolette. Où en sommes nous? On nous explique qu’il est sur la bonne voie, mais le médecin doit vérifier quand ont été les derniers événements. Nous partons souper. Nous revenons 25 minutes plus tard et notre Gabriel est dans un petit lit de bébé, sans moniteur ni rien, avec un pyjama. Oh mon cœur s’emballe! Nous avons fait un grand pas.
Cela veut dire qu’ils n’ont plus besoin de vérifier son pouls et son oxygène. Il lui reste seulement son gavage. Rien n’est gagné, mais je fini par avoir le OK complet pour tenter l’allaitement avant chaque gavage à partir du jour 9. Je passerai donc ma première nuit avec lui à l’hôpital à 9 jours de vie. Je n’ai plus besoin de le quitter. Les infirmières me proposent de faire les boires de nuit pour que je puisse me reposer… Hors de question, je ne veux simplement plus le quitter.
Le matin du 10e jour, le médecin est en train de l’ausculter lorsque j’arrive. Elle m’annonce que nous quittons aujourd’hui. J’ai de la difficulté à le croire. On nous avait dit le 11 novembre. Il va déjà mieux, alors on peut rentrer à la maison! J’ai le cœur qui bat à 100 mph à l’heure. Ça veut dire que dans quelques heures, je pourrai enfin rentrer chez moi en famille et retrouver mes enfants. Nous serons 5.
Je suis une maman lionne. Gabriel ne dit jamais rien. Il ne pleure pas. Je suis inquiète et je me fais très souvent des scénarios d’horreur dans ma tête. La naissance de mon troisième enfant a marqué ma vie.
Je suis passée de la colère, à la culpabilité, à l’anxiété, à la honte et à la peine pour en finir avec l’amour.
J’ai un deuil à faire de la naissance «parfaite».
Plus le temps passe, plus la peine est loin, mais rien n’est encore guérit.
Beaucoup de questions resteront sans réponse, mais au moins, nous sommes à la maison tous ensemble.
Aujourd’hui dans ma formation, l’animatrice expliquait qu’elle avait vécu une simulation de ce qu’on entend dans le ventre de la mère et une simulation du bruit dans une salle néonatale de prématuré!
2 mois après la césarienne, mon cœur est encore bouleversé…
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