Il est crucial de soutenir adéquatement les personnes trans et non-binaires durant leur grossesse afin qu’elles puissent vivre un accouchement positif.
Depuis quelques années, les personnes trans entament leur transition plus tôt dans leur parcours de vie que la génération précédente. Ainsi, davantage de personnes trans ayant déjà fait leur transition chercheront à devenir parents au cours des prochaines décennies et se retrouveront confrontées à plusieurs barrières notamment en périnatalité où l’on retrouve en grande majorité un vocabulaire cisnormatif et binaire. Les ressources adéquates en matière de périnatalité adressant les enjeux des personnes trans et non-binaires manquent cruellement. À la Coalition des familles LGBT+, lors de nos ateliers pour futurs parents LGBTQ+, nous constatons que les personnes trans et non-binaires qui souhaitent fonder une famille ou qui sont déjà dans le parcours vers l’accouchement sont confrontées à des enjeux différents, des obstacles uniques et plus méconnus que ceux rencontrés par les futurs parents lesbiens, gais ou bisexuels (ex. cisnormativité; dysphorie de genre; normes de genre dans les services sociaux et de la santé; etc.). Ce constat est confirmé par une recherche du projet SAVIE-LGBTQ (2022) où 76 % des personnes trans et non-binaires ont déclaré que les démarches vers la parentalité étaient trop compliquées et les services peu accueillants; 73% des personnes non-binaires ont rapporté que les professionnel·les de la santé ont présumé qu'elles étaient d’une autre identité de genre que la leur. Par ailleurs, le langage utilisé envers les personnes trans et non binaires est souvent inadapté.
Les personnes trans et non-binaires ont des réalités spécifiques liées à la prise d’hormone, au port d’accessoires d’affirmation de genre, aux opérations de réassignation de genre, etc. Les personnes prenant de la testostérone doivent la cesser avant de concevoir. La grossesse va non seulement apporter des changements physiques par cet arrêt, mais aussi psychologiques en raison de la naturalisation de la maternité, c’est-à-dire le fait d’associer la maternité et l’accouchement à la « nature d’une femme ». La naturalisation de la maternité est un enjeu qui se vit différemment des femmes cisgenres par les personnes trans et non-binaires. Les personnes transmasculines ou non-binaires masculines, neutres ou fluides dans le genre ont souvent peur qu’une grossesse les ramène à être adressées en tant que « femmes » en société, ce qui peut déclencher ou aggraver une dysphorie de genre. Le personnel accompagnant doit savoir accueillir celle-ci et intervenir. Il y a une notion de « grossesse = féminin » à déconstruire chez les professionnel·les, mais également chez la personne enceinte. L’allaitement est également un enjeu à ne pas négliger et approcher cette pratique de manière inclusive et non féminisante permettra à la personne qui choisit cette option de mieux s’y accommoder et trouver la meilleure option.
Les praticiens de la santé, des services sociaux et des services périnataux doivent mieux s’informer et se former sur les enjeux de santé reliés aux personnes trans et non-binaires pour savoir comment les accueillir. À la Coalition des familles LGBT+, ces enjeux sont réfléchis afin de permettre aux professionnel.les de mieux se former et d’accompagner les futurs parents. Nous pouvons déjà stipuler que la confidentialité et le langage inclusif sont particulièrement importants pour les personnes trans et non-binaires. Cependant les écouter et les respecter dans leurs affirmations est une étape primordiale à l’établissement d’un parcours de grossesse et un accouchement trans et non-binaire affirmatif.
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