D’entrée de jeux, je dois dire que c’est l’histoire de mon deuxième accouchement que je vais raconter, mais que je dois tout de même préciser que lors de mon premier accouchement en 1987, je n’ai vécu aucune contraction avant qu’on me branche au pitocin. J’ai donc déjà une expérience d’un accouchement sans contraction. Donc voici mon histoire: LA NAISSANCE DE MON FILS Le 6 octobre 1988, ma journée débute bien, je me sens bien et ne sens pas que je suis sur le point d’accoucher bien que je dépasse de plus d’une semaine ma date prévue d’accouchement. Je vais donc, avec ma fille de 21 mois, magasiner, car elle a besoin de nouvelles chaussures. Mais sur l’heure du diner, je me sens tout à coup bizarre, mais pas de contraction et pas de perte des eaux. Je décide donc qu’il est plus sage de retourner à la maison, au cas où. Il m’est alors impossible de manger, cela ne passerait tout simplement pas. Le malaise persiste et je n’arrive pas à expliquer les symptômes que je ressens. Est-ce que c’est le temps pour moi d’accoucher, je ne sais pas… J’appelle tout de même ma sœur pour qu’elle vienne chercher ma fille, ce qui était convenu quand le travail débuterait. Avec mon conjoint, on surveille mon état, mais rien ne se passe à part ce malaise persistant. Nous décidons de nous rendre à l’hôpital pour une évaluation. J’explique comment je me sens, que je dépasse ma date prévue d’accouchement de plus d’une semaine, que lors d’une première grossesse je n’avais pas de contraction annonciatrice. Je dois préciser que je suis suivie, pour ma grossesse, par une clinique familiale avec plusieurs médecins accoucheurs. On me fait donc voir l’un de ces médecins (une femme, mon bonheur, la seule de la clinique), qui décide de me « provoquer » en crevant les eaux, que cela aidera à accélérer le travail.
Mais comme son chiffre se termine, elle me mentionne qui sera mon médecin accoucheur, qui prendra la suite des événements. Le médecin est averti de mon arrivée, mais comme il habite tout prêt de l’hôpital, il fait sa garde à partir de sa résidence (l’infirmière nous mentionne qu’il est chez lui et qu’il écoute sa partie de hockey, est-ce vrai ou est-ce de l’ironie??? on en sait rien, mais c’est pas trop rassurant) et qu’il se pointera quand le travail sera plus avancé. Cette infirmière est désagréable, tellement que mon conjoint l’a nommé « générale garde-à-vous » : elle est sèche, directive, impatiente et brusque. Comme pour ma première grossesse, je n’ai encore aucune contraction, on me branche au pitocin et on m’installe un moniteur pour surveiller l’état du bébé à naître. Le travail commence et les contractions aussi… de plus en plus fortes, de plus en plus intolérables. Après un certain temps, alors que je n’en peux plus, je demande une injection (péridurale), mais cela m’est refusé, car mon travail est trop avancé d’après « générale garde-à-vous ». Je continue donc à subir les contractions sans rien pour me soulager.
À un moment donné, je sens que ça pousse terriblement, l’infirmière vient voir, elle met sa main sur mon pubis pour empêcher le bébé de sortir (mon conjoint m’a affirmé avoir vu les cheveux du bébé) et me demande de ne pas pousser, qu’il faut attendre l’arrivée du médecin, qui devrait se pointer d’une seconde à l’autre. Eh bien cela a eu comme effet de tout arrêter le travail. Je n’ai plus de contraction non plus. Quand le médecin arrive enfin, on me demande de pousser. Mais mon corps et ma tête ne veulent plus collaborer, je suis épuisée, et choquée. On se met donc à me pousser sur le ventre pour aider à faire sortir le bébé qui commence à être en souffrance selon le moniteur. On me chicane, on me menace d’utiliser les forceps… Dans un ultime effort, je pousse de toutes mes forces restantes, car je ne veux surtout pas de cette agression pour mon bébé. La délivrance a lieu, on apporte le bébé immédiatement pour prendre ses signes vitaux (il commençait à être bleu selon ce que mon conjoint m’a dit). Alors il me reste à expulser le placenta, mais mon utérus ne se contracte pas. On me masse le ventre avec vigueur jusqu’à l’expulsion. Le médecin explique à mon conjoint que l’état du placenta est avancé, qu’il est « vieux », que l’accouchement était vraiment dû. Pendant ce temps, je me sens abandonnée, comme juste un bout de chair sur le lit d’hôpital. J’ai juste le goût de pleurer. Mon seul réconfort a été quand on m’a ramené mon fils, que je l’ai mis au sein. Alors là, plus rien n’existait.
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