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Photo du rédacteurAriane Métellus

Nos corps ne vous appartiennent pas. Femmes noires et racisées, c’est à notre tour de se faire enten

Je serai brève et j’irai droit au but. Sans fla fla, sans artifices. À ma façon, sans faire attention à ne pas heurter les sensibilités. Parce qu’à un moment donné, ça suffit. Il faut rompre le silence.

En cette semaine mondiale pour l’accouchement respecté, j’ai besoin de crier, j’ai besoin de dénoncer. J’en ai marre de me faire dire que ce que vivent des centaines, voir des milliers de personnes noires et racisées, n’est que le fruit de ma paranoïa ou que ce sont des cas isolés. Aujourd’hui, je m’adresse à la population québécoise, à nos gouvernements, à nous femmes et personnes noires et racisées. Je vous mets au défi d’agir.

Comment se fait-il que nous, femmes noires et femmes racisées avons tant de difficultés à faire entendre nos voix quand nous demandons quelque chose d’aussi fondamental que le respect et la dignité dans le système de santé, en particulier lorsque nous sommes enceintes, que nous allons accoucher ou que nous vivons avec des problèmes de santé reproductive?

Pourquoi n’avons-nous pas de données et de statistiques ici au Québec? Quand on sait qu’aux États-Unis les personnes afro-américaines ont 243% plus de chances de mourir en accouchant que leurs consœurs caucasiennes et que cette réalité est bien documentée, qu’attend le Québec pour enquêter et agir sur le sort de personnes afro-descendantes et racisées ici? Vous me direz que nous ne sommes pas aux États-Unis et que ce n’est pas la même chose. Comment peut-on affirmer que ce n’est pas la même chose en l’absence de données?

La réalité est qu’en 2019, au Québec, nous devons subir des ligatures des trompes, des hystérectomies, des césariennes et j’en passe. Toutes ses interventions, nous les subissons de façon beaucoup plus systématique et, dans certains cas, sans notre consentement? Oui, vous avez bien lu : SANS NOTRE CONSENTEMENT. Pour des questions de confidentialité et de respect, je ne peux pas partager un vécu en particulier, mais croyez moi, l’heure est grave. De plus en plus de personnes témoignent de ce qu’elles subissent. Des personnes travaillant dans le système de santé parlent de ce dont iels sont témoins sans vouloir en parler publiquement par peur de représailles. Toutes ces informations, ces histoires, ces vécus parviennent de différentes régions, différentes villes, différents hôpitaux et centres de santé et je dis qu’il est grand temps de se pencher sur la question.

Pourtant, ces enjeux ont été portés à l’attention de certains ministères. Des plaintes ont été émises aux différentes institutions concernées, sans que trop d’importance ne soit accordée à ces dossiers. Oui, certains processus prennent du temps, mais ces personnes qui subissent ces injustices et ces violences n’ont pas de temps, n’ont pas d’énergie pour attendre qu’on veuille bien s’occuper de leurs dossiers. Certaines vivent tellement mal ces traumatismes qu’elles n’arrivent pas à en parler. Oui, justice doit être rendue, oui réparation il doit y avoir mais il faut surtout que les choses changent, que les pratiques changent, que les professionnel.le.s soient mieux formé.e.s et qu’iels soit tenu.e.s responsables de leurs actions.

À bon entendeur, salut!

Si vous vivez ou avez vécu ce genre de violences et d’injustices, je vous encourage à en parler, ne serait-ce que de façon confidentielle. Vous avez le droit d’être entendues, vous avez droit au respect et à la dignité. Vous n’êtes pas seules. Ensemble, faisons changer les choses!

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