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Photo du rédacteurRegroupement Naissances Respectées

Je subis le manque de vigilance et de précautions d’une équipe médicale

J’ai choisi l’avortement lorsque je me suis rendu compte que j’étais enceinte de 3 semaines, d’un homme avec qui je ne partagerais jamais ma vie ni l’éducation d’un enfant, à qui je voulais offrir un environnement stable et bien encadré. L’intervention a été prévue lorsque j’étais rendue à 10 semaines de grossesse. J’ai été bien entourée par mes proches, pour gérer les difficultés émotionnelles que je vivais, entre autres la douleur de laisser aller un petit que je désirais avoir, mais à qui je voulais éviter les difficultés de la vie en tant que mère monoparentale. Étant moi-même atteinte de la maladie de Crohn et de fibromyalgie, malgré un mode de vie actif, sain et équilibré, je sais que je peux être fatiguée facilement. Je ne voulais pas que l’être que j’aime le plus au monde en souffre, si je n’avais pas l’aide d’un papa. Au moment de la première rencontre avec la médecin de la clinique de planification des naissances, j’ai dû demander à ce qu’on m’explique réellement les conséquences et complications possibles à la suite de l’intervention, puisqu’elle avait l’intention de passer vite fait sur ce chapitre. Considérant mon état de santé, les complications surviennent fréquemment au moindre petit pépin de santé, je voulais donc pouvoir être certaine de les identifier, si jamais ça arrivait. La mention de mes diagnostics de santé, incluant l’allergie à deux médicaments largement utilisés dans les analgésiques, n’ont jamais été notés dans mon dossier médical à ce moment. Lors du jour de l’intervention, l’infirmière vérifie mon dossier pour s’assurer que je n’ai pas d’allergies: je suis surprise de constater qu’elles ne sont effectivement pas notées, puisque je dois répéter les deux allergies que j’ai, en plus de mes diagnostics de santé. Tandis que je suis préparée pour l’intervention et installée sur la chaise de procédure, je dois attendre pendant que l’infirmière fait des recherches dans son dictionnaire médical pour trouver un produit anesthésique différent pour geler le col de l’utérus, puisque ce qu’elle a sous la main, les allergènes sont toujours présents. Le gynécologue arrive finalement, ils parlent discrètement et je constate que la seringue de rechange qui a été préparée n’est pas utilisée pour geler mon col utérin. On me donne les sédatifs qui sont supposés me détendre, mais à l’instant où le gynécologue insère la sonde dans le col, je ressens tous les mouvements circulaires qu’il fait pour pénétrer le col, comme si on me déchirait les entrailles. La douleur est horrible, et je bouge involontairement sur la chaise tant c’est insupportable. Les sédatifs feront plus ou moins effet, comme la douleur est tellement intense. Je demande au gynécologue s’il est possible de prendre une pause avant de continuer, parce que ça me fait trop mal. L’infirmière tient le haut de mon corps et mes bras pour éviter de bouger les moniteurs et tenter de réduire les dégâts durant la procédure, de ce que j’en comprends ensuite. Le gynécologue me dit qu’il ne peut pas vraiment arrêter, comme c’est déjà commencé. Alors, il continue. Lorsque l’intervention est terminée, l’infirmière me fait signe pour que je me dirige vers la salle de repos. Je suis incapable de me lever tellement j’ai mal, alors elle m’aide à me transporter dans le lit de convalescence. J’ai horriblement mal, j’ai mal au cœur, je vomis et je perds légèrement le contact avec la réalité. La personne qui m’accompagne doit aller chercher une chaise roulante pour me transporter vers la voiture et rentrer à la maison, environ 1 h après la fin de l’intervention. Je vomis beaucoup quand je reviens chez moi, encore très endolorie. La suite se déroule tel que je l’anticipais vu ma condition de santé et l’absence de précautions du personnel médical à cet égard: 3 jours après l’intervention, je suis à l’urgence pour une endométrite. Quelque chose a dû être accroché quand j’ai bougé durant l’intervention. Je dois être traitée avec antibiotiques pour 3 semaines. La douleur persiste durant toutes ces semaines: ma mobilité est compromise, j’ai beaucoup de saignements, je suis endolorie de partout, en plus de vivre la culpabilité d’avoir choisi de laisser aller cet enfant malgré mon désir. Je retourne pour 3 ou 4 suivis à la clinique de planification des naissances parce que les douleurs ne me quittent pas. Heureusement, lors d’une de ces visites de suivi, je tombe sur un médecin qui fait partie d’une chaire de recherche sur la santé des femmes post-partum, qui demande à assurer un suivi dans le département de gynécologie directement. L’infirmière qui me laisse partir à ce moment doit faire suivre la demande du médecin vers le département de gynécologie pour un suivi, à sa demande. Elle me mentionne que je suis rendue à retourner chez moi et me faire un thé, parce que mon anxiété est irraisonnée. Quelques semaines plus tard, j’ai encore de la douleur, lorsque je vais aux toilettes, lorsque je marche, lorsque je fais un mouvement trop brusque, lorsqu’on me touche, les saignements sont ininterrompus. Je vis un des pires calvaires que je n’ai jamais connus malgré que la fibromyalgie m’en ait déjà fait voir de toutes les couleurs depuis plusieurs années. Je décide d’aller à l’urgence un soir où la douleur semble pire que celle endurée dans les dernières semaines : je fais une pelvipéritonite. On m’injecte une dose choc d’antibiotiques et on me remet sur des antibiotiques pour deux semaines avec un suivi après ce traitement pour s’assurer que l’infection est sous contrôle. Après cet épisode d’infections carabinées et un appel au département de gynécologie parce que je ne recevais pas l’appel pour un rendez-vous, j’ai finalement pu voir le gynécologue qui avait demandé un rendez-vous. L’infirmière n’avait jamais acheminé la demande au département. Ma demande a été priorisée puisqu’oubliée, en plus du suivi qui était nécessaire après les antibiotiques pour la pelvipéritonite. Il me prescrit un médicament pour tenter de calmer mon utérus et toute ma paroi pelvienne qui sont inflammés à cause des infections qui persistent depuis maintenant plusieurs mois. Il veut tenter de résoudre les douleurs pour éviter le développement de douleurs myofasciales, auxquelles je suis sujette vu ma condition de santé. Sa bienveillance m’aura finalement sauvée. Cela dit, un an après cette intervention qui m’a jeté dans une détresse psychologique que j’arrive à peine à maîtriser aujourd’hui, je suis toujours sous médication et je ne sais pas jusqu’à quand. Je subis le manque de vigilance et de précautions d’une équipe médicale qui n’a pas su être bienveillante, comme il est pourtant attendu que ce soit le cas dans une clinique comme celle-là. Je suis une personne outillée psychologiquement, financièrement, socialement. Et je suis descendue aux enfers, j’ai cru que ça serait moins douloureux physiquement comme émotionnellement de mourir plutôt que d’endurer tout ça. C’est inhumain. Je ne veux même pas imaginer ce que des personnes seules, ayant vécu des traumatismes antérieurs ou peu importe, peuvent vivre devant une telle démonstration de rejet par une équipe médicale qui devrait plutôt s’efforcer du contraire. Je ne me sens pas encore prête à en parler publiquement. Merci pour votre travail, je vous soutiens de tout cœur. Je travaille moi-même en condition féminine et m’efforce tous les jours de faire la différence dans notre société. À la mémoire de tous les petits qui veillent sur nous, et pour l’amour de toutes celles qui ont vécu la douleur de les laisser partir.

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