J’ai fait mon suivi en maison de naissances.
11h. J’ai dû aller passer un écho pour valider le bien-être fœtal en raison d’un dépassement de terme de 12 jours. Aucune dilatation, col toujours en antérieur. La tentative de déclenchement avec de l’acupuncture n’avait rien donné. À un moment j’ai compris que je ne sortirais pas de l’hôpital et qu’on allait me déclencher là, cet après-midi. 16h Pendant que mon copain partait à la maison chercher nos affaires en vitesse, on est venu 4 fois insister pour démarrer les procédures. 17h Au moins trois étudiants (dont on ne m’avait pas parlé) ont assisté à l’installation ratée d’un ballonnet, qui s’est soldé en « crevage » des eaux accidentel. On m’a dit, « On te donne une demi-heure pour faire déclencher le travail en marchant dans le couloir, après on te donne du pitocyn…. » 20h30 Après 2 augmentations de la dose d’hormones en 2 heures, l’infirmière a appelé le médecin en urgence, sans nous aviser, pour dire que le cœur de bébé décèlerait au cours des contractions (quelle surprise…). J’ai dû demander ce qui se passait. 21h45 La gynécologue a décrété que je ne dilatais pas assez vite: « Je suppose que ce n’est pas ce que tu voulais vu que tu étais à la maison de naissances, mais là, si je suis obligé de te faire une césarienne d’urgence, ça ne me tente pas de te faire une anesthésie générale. Je te laisse 1/2 heure pour y penser, mais si j’étais toi je prendrais la péridurale. » 22h10 L’infirmière prend elle-même la décision de débrancher les hormones, ça n’empêche pas le cœur de fils de passer sous la barre des 70. 22h20 Entrée en scène in extremis de l’anesthésiste, qui court comme s’il y avait le feu. Je suis paniquée, je crie, je ne dois pas bouger, je ne comprends rien. Je suis dans un accident de char, je fais des tête-à-queue sur l’autoroute, je vais me réveiller de ce cauchemar à tout moment. La péridurale ne me fait pas d’effet, 5 injections plus tard, c’est le départ vers la salle d’opération. Je m’aperçois que mon copain n’est pas là, je ne comprends pas. Je tremble tant que mes bras tombent de la table. J’entends « Sanglez la ». Tout le monde se présente, je crie « Arrêtez de vous présenter, je ne comprends rien de ce que vous dites, j’ai trop peur, je ne sais pas ce qui arrive » L’anesthésiste dit mon nom, elle met sa main sur mon bras. « Julie, il faut vraiment faire vite, mais on s’occupe de toi, on te prépare pour la chirurgie, ces gens-là ont l’habitude, ça va bien se passer ». S’ensuit le seul vrai échange que j’ai eu avec un membre du corps médical ce jour-là. N’empêche, je faisais mes tonneaux dans le fossé. Quand j’ai entendu un pleure de bébé qui s’éloignait, j’ai compris qu’il n’y aurait pas de peau à peau immédiat, ni avec moi, ni avec son papa. J’ai fixé le plafond en espérant que tout ça s’arrête. Je n’en pouvais tout simplement plus. Bébé s’est retrouvé lavé, emmailloté dans les bras de son papa, à qui j’ai dit, je n’ai plus rien, même pas d’enfant. Heureusement que lui ne se sentait pas aussi vide. On nous a brusqués, on a omis de prendre le temps de nous expliquer ce qui s’en venait, on s’est senti de trop. Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Cette expérience m’a brisé à des endroits que je ne connaissais pas, je suis marqué par la peur, moi qui affronte toujours mes craintes. Je ne me suis jamais sentie aussi incompétente, inadéquate.
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